Ottawa, 2010, Mot de bienvenue, Ghaleb GHANEM
Monsieur Ghaleb GHANEM
Premier président honoraire de la Cour de cassation du Liban
Président de l’AHJUCAF
Chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
J’ai le plaisir et l’honneur, en ma qualité de Président de l’AHJUCAF, de vous remercier chaleureusement d’avoir répondu à notre invitation, et d’être présents pour notre troisième congrès qui a pour thème « Internationalisation du droit, internationalisation de la justice ».
Après Marrakech en 2004, puis Dakar en 2007, l’occasion nous est donnée de débattre des rapports entre les juridictions nationales et internationales, des rapports entre les cours nationales, de la réception du droit international par les droits nationaux et de la coopération entre les cours suprêmes.
Partager nos connaissances et nos expériences ne peut que promouvoir la culture du droit dans le monde, ce droit qui doit évoluer, mais évoluer d’une façon cohérente, non anarchique, pour faire face à tous les défis que pose la mondialisation, et régler les rapports qui mettent en présence des intervenants du monde entier, des lois divergentes et des systèmes juridiques variés.
Nous, présidents et membres des cours suprêmes, avons pour devoir de tracer la voie de la bonne justice, de la guider, de partager un langage juridique commun, de cultiver la connaissance, de rapprocher les pensées et de développer le droit uniformément.
C’est en fonction de ce qui précède et en fonction de notre souci d’assurer l’indépendance de la magistrature et l’éthique des juges, et de respecter les droits fondamentaux tels que le droit des enfants et le droit de l’environnement, que nous tiendrons le mardi après midi notre assemblée générale, laquelle déterminera nos projets dans les trois années à venir.
Chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
Il est une valeur à laquelle notre association donne la plus grande importance : c’est le règne du droit. Cette valeur pourra englober divers thèmes qui seront, durant ce congrès, ou qui pourront être à l’avenir, dans la sphère de notre attention et de nos débats.
Ce que je viens de suggérer reste naturellement le grand souci de la Cour de cassation française, et spécialement de son Premier président Monsieur Vincent Lamanda qui aurait souhaité être parmi nous et qu’un empêchement l’a retenu en France… Il vous souhaite un grand succès dans vos travaux.
La Cour de cassation française, la nôtre, et en somme nous tous, partageons les satisfactions et les peines de notre association ….
Et s’agissant des peines, tournons-nous, je vous en prie, à l’ouverture de nos travaux vers cette terre d’Haïti, terre de francophonie et, cette année, terre de douleur et de deuil pour tout un peuple et pour ses institutions dont celles appartenant à la famille judiciaire.
Amis et collègues d’Haïti, présents ici ou absents, dans la mesure permise par votre tragédie, dans vos juridictions sinistrées, vous suscitez l’émotion, la solidarité et l’admiration. Au-delà de l’aide que vous méritez, vous allez être pour tous, par vos efforts de reconstruction déjà déployés, l’exemple du devoir et de la fidélité à nos valeurs, l’exemple de l’élan vital de la justice et du droit.
Honorons la mémoire de ceux qui, dans l’effroyable séisme du 12 janvier, nous ont quittés. Le Premier d’entre eux, pour nous, représentants des juridictions de cassation, est Maître Jacob Jean-Baptiste, directeur administratif de la Cour de cassation, grand juriste.
J’espère que nos efforts continus seront couronnés de succès. Je vous souhaite une session utile à la mesure de vos attentes, de vos implications, et, pourrai-je dire, de vos obligations.
Par la justice et son outil le droit, nous pourrons bâtir un monde meilleur.
En l’occasion, je me permets d’appeler à cette tribune Maître Georges Moïse, représentant de la Cour de cassation d’Haïti, qui poursuit avec courage une présidence intérimaire commencée en 2004.
(S’adressant à Maître MOΪSE qui prend place à la tribune) Dès le mois de février, sous votre direction, dans les locaux de L’École nationale de la magistrature, sans costumes d’audience restés dans les décombres de la cour détruite, sans matériel ou presque, dans un mobilier sommaire, a été repris le travail de la juridiction. Justice est ainsi, tout de même, rendue. C’était bien un devoir pour nous tous ici de faire précéder par cet hommage notre troisième congrès, et nous vous prions de l’ouvrir. Merci.